‘Te’ VS ’Fi’ : « IL FAUT » VS « J’AI ENVIE » ?

 

J’ai un jour été témoin d’un conflit (récurrent) entre deux collègues, l’un ‘Te’ et l’autre ‘Fi’ :`

‘Te’ : « Je t’avais demandé de monter le dossier ! »

‘Fi’ : « Je ne me souviens pas de ça ! »

‘Te’ : « Bien sûr, tu ne te souviens jamais de rien ! »

La tension était palpable, les problèmes de communication remontaient à plusieurs années. Nous avons donc essayé de résoudre ce qui était devenu un problème de « personnes » plutôt qu’un simple problème de communication entre deux personnes.

Il s’avère que la « demande » s’était déroulée ainsi :

‘Te’ : « Il faut monter le dossier »

‘Fi’ : « OK » .

Connaissant les types de personnalité des deux protagonistes, et donc leur fonction de jugement (décision), il m’est assez facile de comprendre l’origine des malentendus entre ces deux collègues :

  • La Pensée extravertie ‘Te’ décide des actions à mener en fonction d’une logique externe – ce qui est logique et efficace pour le système, le groupe. 
    Dès que le monde extérieur (le vote, la loi, les circonstances, la nécessité) l’exige, ‘Te’ se sent obligé de le faire. Ainsi ‘Te’ se met à la tâche, ou ordonne à quelqu’un de le faire à sa place s’il estime ne pas pouvoir le faire lui-même. 

Lorsque ‘Te’ dit « Il faut monter le dossier », il sous-entend « Il faut monter le dossier. Et si je dis cela à voix haute, c’est que je ne peux pas le faire moi-même. Cela veut dire que c’est à toi de le faire ».

  • Le Sentiment introverti ‘Fi’, qui est tourné vers l’intérieur, décide en fonction de ce qu’il pense être important et en accord avec son ressenti. 
    Si (et seulement si) la tâche à exécuter est en accord avec ses valeurs, ses principes, et son humeur, ‘Fi’ aura envie de le faire, et le fera (spontanément). 

Lorsque ‘Fi’ répond « OK », il signifie ici qu’il a entendu que quelqu’un devrait le faire. Mais comme il n’a pas envie de le faire, ce quelqu’un ne sera pas lui. Son OK veut donc simplement dire « c’est noté ».

Recommandations :

J’explique au ‘Te’ qu’un « il faut » ne veut pas dire « tu dois ». Je lui recommande alors d’exprimer clairement sa demande, de demander directement à ‘Fi’ ce qu’il attend de lui. J’insiste également sur la nécessité d’y mettre des formes, (surtout avec un ‘F’). 

Je prends en compte ici le fait que bien souvent, les ‘Te’ utilisent « il faut » car il leur a été reproché d’être trop autoritaires. Par soucis d’efficacité, ‘Te’ aime aller droit au but et considère les ‘civilités comme une perte de temps. Ils distribuent les tâches comme s’ils dirigeaient une troupe de soldats. Sans « s’il-te-plaît » ni « prise en compte de la ‘susceptibilité’ des uns et des autres. 

Confrontés à ces reproches récurrents, les ‘Te’ développent assez tôt une méthode bien à eux pour éviter les reproches : ils donnent toujours des ordres (chassez le naturel…), mais au lieu de dire « Fais cela » ils disent « il faut ». (Ce n’est pas moi qui donne l’ordre, c’est le monde extérieur). Si le message passe très bien auprès des autres ’Te’ qui comprennent exactement de quoi il s’agit, cela passe par-dessus la tête de plus de la moitié des autres types, qui ne comprennent pas qu’il s’agit d’un ordre qui leur est donné (sauf, bien sur, si le ‘Te’ en question est leur supérieur hiérarchique).

Nous avons donc cherché tous les trois une formulation qui soit suffisamment explicite tout en restant « entendable » par le ‘Fi’. Nous nous arrêtons sur ‘ Pourrais-tu monter le dossier ? ». Cette formulation est assez courte pour ne pas exaspérer le ‘Te’, et suffisamment souple pour ne pas heurter le ‘Fi’. 

Je rappelle au ‘Fi’ que dans le cadre du travail, il n’est pas censé sélectionner les tâches à exécuter en fonction de ses envies. Je m’appuie sur ses valeurs d’entraide et de respect pour l’encourager à s’enquérir auprès du ‘Te’ de la façon dont il peut le soulager lorsque ce dernier semble exprimé un ‘débordement’. Je l’invite à clarifier les demandes sous-jacentes lors de messages ‘ambigus’ plutôt que les ignorer. 

Deux mois plus tard, les choses semblent s’être apaisées entre les deux collègues.

Leçons à tirer :

  • ‘Te’ : avez-vous déjà compté le nombre de fois où vous dites (ou pensez) « il faut », et combien de fois « Il faut » entre en jeu dans la justification de vos actions ? Avant de faire un burn out, essayez de vous poser de temps en temps la question : « pourquoi faut-il ? » ou « que se passe-t-il si je ne le fais pas ? »
  • ‘Fi’ : Prenez note du nombre de fois où vous justifiez votre procrastination en termes de « la flemme », « ça me gonfle », « je n’ai pas envie ». Essayez de trouver une source de motivation interne pour les tâches que vous jugez ‘ingrates’. En considérant par exemple en quoi la réalisation de la tâche en question vous permettra d’avoir un bon ressenti dans le futur.

 

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